Du caratère universel du comportement des polymères

Une théorie est une économie de pensée (lire E. Mach , P. Duhem , A. Einstein ). On se représente le réel en établissant des liens improbables entres des choses ou des phénomènes a priori très différents. Dans les années 1970, P.G. de Gennes réalise une avancée majeure de ce type en remarquant que les polymères étaient des objets critiques dont les propriétés d’autosimilarité permettent d’établir des lois de comportement universelles (appelées lois d’échelle) pour des grandeurs macroscopiques observables comme la pression osmotique, la viscosité ou l’élasticité lorsqu’elles sont exprimées en fonction de variables soigneusement choisies (appelées variables réduites). S’en est suivi en France (en particulier à Saclay) pendant une vingtaine d’année, une activité expérimentale foisonnante qui marqua durablement la physique de la matière molle.

J’ai débuté ma carrière à la toute fin de cette période, mais en cotoyant à Saclay des collègues qui en avaient été des acteurs majeurs (Jacques des Cloizeaux, Gérard Jannink, Mohamed Daoud, Mireille Adam, Jean-Pierre Cotton) et qui m’ont donné envie d’aborder ces questions. Même si presque tout avait été fait dans ce domaine, j’y ai trouvé quelques niches dans lesquelles les lois d’échelle parfois ne fonctionnaient pas si bien que cela. Il s’agissait des polymères réticulés et de la façon dont ils percolent dans tout le volume qui leur est offert, des polymères linéaires et de leurs déplacements par reptation ou de leurs mouvements à une température particulière dite theta.

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